Оригинален текст
Le café brûlant ce matin,
C'est la dernière fois peut-être.
Les canons grondent au lointain,
La mort est-elle en train de naître ?
Nous les soldats on s'en va voir,
Comment contre une jambe, un bras,
On peut gagner un peu de gloire.
Le doux clairon qui sonne là.
Les dieux assis sur les nuages,
Jouent aux échecs d'un geste las.
Sur l'échiquier champ de bataille,
Manquent bien des pièces déjà.
Du gris de plomb dessus nos têtes,
Avec quelques flaques de bleu,
La victoire ou bien la défaite,
Ne lit pas qui veut dans les cieux.
On est partis le long des routes,
Devant les arbres au garde à vous.
Ah ! Revenir coûte que coûte,
Quitte à se traîner à genoux.
Les dieux assis sur les nuages,
Avancent les pions de l'Histoire.
On dit que les blancs jouent et gagnent,
Suis-je un pion blanc, suis-je un pion noir ?
Combien reviendrons-nous du feu ?
Nous les élus du sacrifice.
Que père et mère soient de ceux,
Qui pourront étreindre leur fils.
Je ne vais pas pleurer quand même,
Les héros ça reste impassible.
Regardez-le le capitaine,
Quel bonheur de servir de cible.
Les dieux assis sur les nuages,
Repris par le démon du jeu,
Là haut font un divin carnage,
Préparent des coups prodigieux.
À quoi pense un soldat qui marche ?
Ne sait s'il sera là ce soir.
À quoi pensent les bœufs qui marchent ?
Que l'on conduit aux abattoirs.
Que mes jambes sont fatiguées,
Que mon fusil pèse à l'épaule.
On traverse un ruisseau au gué,
Une balle siffle et me frôle.
Quand irons-nous, ô mon amour,
Nous asseoir à l'ombre d'un saule ?
Qui de nous deux à mon retour,
Ira porter des fleurs à l'autre ?