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Il y a toujours un gars sur un pont,
Au dessus de l'autoroute
Qui regarde passer les automobiles.
Il y a toujours un gars sur un pont,
A quoi pense-t-il ?
A quoi pense-t-il l'ascète
De l'autoroute A7 ?
Il nous maudit ou ne dit mot,
Il nous salut ou nous fait beau ?
Sur le chemin dépose-t-il des pièges,
Des traquenards à cortèges,
Des souricières, des guets-apens,
Fait-il le guet, impatient ?
Au mois d'août, passe-t-il son temps
Comme d'autres à l'océan,
Attendent la déferlante
Et la marée montante ?
Se soûle t-il du manège incessant,
De ce flot, de ce souvenir d'enfant,
De cette guirlande sonore,
De ce défilé multicolore ?
A l'asphalte, lance-t-il des mots d'amour
Pour qu'un autre les cueillent en jour ?
Cherche-t-il l'amour fou à lier,
Une intimité à piller ?
Au mois de juillet, se satisfait-il
De ces clients qui défilent,
De ces aller-retour, de ces actes rapides
Sur la chaussée aride ?
Aime-t-il son bitume,
Son goudron, des plumes,
Son impôt, son péage,
Sa prison, sa cage ?
Pense-t-il aux beaux jours,
Panse-t-il ses blessures d'amour ?
Sur l'autoroute A9
Toujours rien de neuf.
Il y a toujours un gars sur un pont
Au dessus de l'autoroute
Qui nous regarde, immobile.
Il se demande "à quoi pensent tous ces gens"
Qui filent sur l'autoroute
Dans leurs automobiles."